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12 avril 2023Les PFA, le Bisphénol A, les PCB, etc. Ces noms de produits dangereux ne sont que quelques exemples de perturbateurs endocriniens auxquels bon nombre de travailleurs sont quotidiennement exposés. Le ministre du Travail a demandé l’avis des interlocuteurs sociaux à propos d’un cadre légal destiné à mieux protéger les travailleurs contre les risques inhérents à ces produits.
Un perturbateur endocrinien est un produit chimique dangereux qui perturbe notre fonctionnement hormonal et peut ainsi avoir des conséquences dommageables. Ces conséquences peuvent être visibles immédiatement ou seulement quelques années après l’exposition. Un lien peut être établi entre l’exposition à ces produits et, par exemple, une augmentation de l’infécondité, les perturbations du système immunitaire, une malformation du système reproducteur, le développement prématuré des seins chez les filles, le cancer des testicules, le cancer du sein, l’obésité, le diabète, les TDAH (troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) et la maladie d’Alzheimer.
Les perturbateurs endocriniens ont un comportement différent de la plupart des produits dangereux. On s’attend à ce qu’une exposition plus forte à un produit déclenche un effet négatif plus important.
Or, les perturbateurs endocriniens peuvent non seulement être dangereux à fortes doses, mais ils présentent un effet typique à faible dose: de très faibles concentrations suffisent déjà à provoquer des effets négatifs. Une carence ou un excès d’une hormone n’est pas bon pour le corps humain. Une femme qui souffre d’une carence d’œstrogènes, par exemple, aura plus de difficultés à tomber enceinte. Un excès d’œstrogènes, au contraire, provoquera des problèmes pendant la grossesse. Cet effet de faible dose empêche de définir une valeur-limite sûre pour l’exposition
Citons encore l’effet dit «de cocktail». Le monde dans lequel nous vivons est un creuset de produits chimiques. Nous sommes exposés à de petites particules par le biais de notre alimentation, des emballages alimentaires et des produits de beauté, dans nos habitations et par le biais de pesticides qui sont diffusés dans notre voisinage, notre jardin et notre maison. Une toute petite partie de l’un et une toute petite partie de l’autre ont un effet plus important que prévu. Pour les travailleurs, il faut encore ajouter à cela l’exposition sur le lieu de travail.
De nombreux milieux de travail concernés
L’inhalation et le contact avec la peau sont les principales voies d’exposition pour les travailleurs, mais ces substances peuvent également aboutir dans la bouche en cas de mauvaise hygiène des mains.
On rencontre des perturbateurs endocriniens dans bon nombre de secteurs, notamment dans les entreprises qui produisent des produits et objets qui contiennent des perturbateurs endocriniens. Songeons par exemple à certains plastiques, aux résines époxydes, aux retardateurs de flammes et aux mousses anti-incendie, aux peintures et vernis, aux colles et mastics, aux désherbants et dératiseurs, aux cosmétiques et autres produits de soins, de nettoyage et de lavage.
Mais l’exposition existe aussi dans les secteurs où ces produits sont utilisés ou traités: l’agriculture et l’horticulture, la construction, le nettoyage, le textile, les soins de beauté, les pompiers, le recyclage des déchets, etc.
STOP!
La meilleure prévention est celle qui consiste à bannir totalement les produits dangereux. Si ce n’est pas possible, il faut appliquer le principe STOP.
• S = substitution (remplacement): remplacer le produit dangereux par une alternative plus sûre, par exemple des produits qui contiennent moins de perturbateurs endocriniens, voire pas du tout.
• T = mesures technologiques: réduire la concentration de produits dangereux lors de l’utilisation, prévoir une bonne ventilation, etc.
• O = mesures organisationnelles: réduire le nombre de travailleurs exposés et/ou la durée et l’intensité de l’exposition.
• P = équipements de protection personnels: porter des vêtements ou des équipements de protection personnels – tels que des lunettes ou des gants – pour se protéger contre l’exposition.
La hiérarchie ou l’ordre de ces mesures est important pour combattre autant que possible les risques à la source. Les membres du CPPT ou, à défaut de CPPT, les délégués syndicaux, doivent obtenir une liste des produits dangereux présents dans l’entreprise. Si vous ne l’avez pas encore fait, n’hésitez pas à la demander. Dans le même temps, vous pouvez vous enquérir de la présence de perturbateurs endocriniens dans ces produits.
La Belgique prend les devants
En attendant des règles européennes de prévention spécifiques en ce qui concerne les expositions à des perturbateurs endocriniens sur les lieux de travail, le ministre du Travail, Pierre-Yves Dermagne, a demandé l’avis des interlocuteurs sociaux quant à l’inclusion des perturbateurs endocriniens dans notre réglementation en matière de bien-être.
La proposition de loi prévoit une assimilation avec les produits cancérogènes, pour lesquels les normes les plus strictes s’appliquent. Il serait alors question d’une obligation de substitution lorsque c’est techniquement possible. Le principe STOP ferait loi, y compris pour les perturbateurs endocriniens. C’est nécessaire, parce qu’il est impossible de définir une valeur limite d’exposition sûre pour la plupart des perturbateurs endocriniens.
En outre, la proposition assure une meilleure protection des travailleuses enceintes et des jeunes travailleurs contre les risques inhérents à ces produits. Cette nouvelle réglementation permettrait une fois de plus à notre pays de donner le ton dans l’orchestre européen. Nous l’avions déjà fait il y a six ans lorsque nous avions inscrit les substances reprotoxiques – dangereuses pour la reproduction – dans notre législation sur les produits cancérogènes. Depuis lors, plusieurs pays européens ont suivi notre exemple.
Si vous souhaitez davantage d’informations concernant les perturbateurs endocriniens (p. ex. des listes de perturbateurs endocriniens) et les façons de vous protéger contre ces produits, consultez le site www.beswic.be et tapez le mot «perturbateurs endocriniens» dans la barre de recherche.