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23 juin 2021Pour répondre aux enjeux de la crise climatique, la Belgique vise à être décarbonée en 2050. Concrètement, à cet horizon, la Belgique devrait avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’environ 95% par rapport 1990. Le défi est colossal, mais nécessaire pour assurer une vie humaine digne.
Pour atteindre les objectifs fixés, les entreprises vont devoir se décarboner. Des chantiers stratégiques sectoriels sont déjà élaborés par les pouvoirs publics. Les secteurs les plus émetteurs feront face à des défis importants.
Selon le SPF Santé – DG Environnement, en charge de la stratégie fédérale, les secteurs des bâtiments, des transports et de la production d’électricité pourraient être entièrement décarbonés à l’horizon 2050. Dans les secteurs de l’industrie, de l’agriculture et des déchets, certaines émissions difficiles à réduire pourraient ne pas être complètement éliminées d’ici 2050 et devraient être compensées par l’absorption de carbone provenant des puits naturels et, si nécessaire, par des technologies d’élimination du carbone.
Pour les entreprises, les défis sont grands: il va falloir atteindre les objectifs de neutralité carbone, mais également anticiper les changements structurels de long terme liés aux conséquences du changement climatique. Certains produits vendus deviendront obsolètes, certaines chaines d’approvisionnement seront chamboulées, les processus de production vont devoir être revus, les moyens de transports vont évoluer, … Autant de changements qui auront un impact sur la production, l’emploi et l’organisation du travail.
Les centrales syndicales suivent de près ces évolutions et anticipent les changements spécifiquement liés à leurs secteurs. C’est le cas par exemple dans le secteur alimentaire où la transformation vers un fonctionnement plus circulaire est en route. Avec à la clé, des économies d’énergie et de matières, mais aussi des impacts positifs sur l’environnement (avec entre autres la limitation des déchets), ainsi que sur la qualité nutritionnelle des produits. «Nous sommes très attentifs à ces évolutions et veillons à accompagner les délégués dans ces changements » témoigne Raymond Docquier, responsable pour la CSC Alimentation et Services à Liège.
Autre exemple: celui de la construction où selon Luc Norga, économiste à la centrale CSC BIE, un des plus gros défis pour le secteur est de décarboner l’ensemble de sa chaîne de valeur: «Cela doit aller de la fabrication et du type de matériaux à l’usage même des bâtiments et des infrastructures, en passant par le processus de construction et en intégrant le recyclage ou la réutilisation des matériaux. Et cela devra se faire avec davantage de concertation et en tenant compte des travailleurs, dans le respect des règles sociales et avec une bonne offre de formation tenant compte de l’évolution des métiers» insiste-t-il.
L’importance de l’anticipation
Pour anticiper ces changements structurels, l’évolution climatique doit faire partie des plans de développement industriel de long terme de nos entreprise.
Selon une étude du cabinet PwC, 72% des grandes entreprises communiquent sur le sujet dans leurs rapports annuels, RSE (responsabilité sociétale des entreprises) ou rapports intégrés (730 entreprises analysées dans 21 pays). C’est une bonne nouvelle. L’étape supplémentaire nécessaire est de les intégrer, concrètement, dans leur stratégie.
Sur le terrain, Sophie Reginster, experte syndicale IEF (Informations Economiques et Financières) auprès des conseils d’entreprise, observe que nous sommes en ce moment dans une étape-clé de cette transition: «Lors de l’information de base présentée dans les conseils d’entreprise annuels au printemps 2021, une grande partie des entreprises ont intégré leur stratégie d’anticipation des défis climatiques. Malgré les défis internes des entreprises liés à la crise sanitaire, 2020 est un tournant dans la concrétisation de ces défis. A partir de maintenant, tout plan industriel de long terme solide inclut inévitablement ces défis. Les entreprises qui ne suivent pas cette voie mettent leur pérennité de long terme en péril ».
Pour les travailleurs, l’anticipation des entreprises est primordial afin de garantir de l’activité et de l’emploi ancré dans leur région. « Malheureusement, dans certaines entreprises, les plans stratégiques se limitent encore au court terme. Il y aussi des entreprises où les anticipations se font au niveau du groupe et de la maison mère. Les filiales sont alors peu impliquées et pourraient subir des conséquences négatives en termes de production et d’emploi sans moyen de prendre en main leur destin. Avoir un réseau d’entreprises ancrées et durables sera un force pour les défis sociaux, économiques et environnementaux futurs » estime Sophie Reginster.
Des aides publiques
Pour aider les entreprises à faire face à ces exigences, des solutions existent au niveau des pouvoirs publics.
En Wallonie, il existe tout un dispositif d’aides aux entreprises du secteur privé, ainsi qu’aux établissements du secteur non marchand. Il s’agit d’aides à l’investissement en matière d’énergie renouvelable, des subventions afin de réaliser des audits et études énergétiques, ou encore la délivrance de chèques énergie.
Le dispositif Easy’Green vise ainsi à soutenir financièrement les PME dans leurs efforts en matière d’efficacité énergétique de leurs bâtiments et de leur process, ou encore pour la production d’énergie renouvelable. Les entreprises en accord de branche ont aussi la possibilité d’obtenir des subsides de l’Agence wallonne de l’air et du climat (AWAC) pour la réalisation d’un mapping CO2.
La Wallonie a aussi adopté récemment le plan Circular Wallonia, pour booster les principes de l’économie circulaire au sein du tissu industriel wallon (3). Il inclut diverses formes de soutien aux entreprises dans leur transition vers un modèle plus circulaire, mais aussi dans leurs innovations, leurs besoins de partenariats et dans la formation dans ces filières.
Au niveau européen, le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières – dont le principe a été voté récemment par le Parlement européen – permettra de protéger nos entreprises contre des importations venant de pays qui ne respectent pas les standards européens. La proposition de la Commission sur l’ajustement carbone aux frontières est d’ailleurs suivie de très près en ce moment par les organisations syndicales. Pour Antoine Dedry, économiste à la CSC Metea, ce mécanisme d’ajustement aux frontières est incontestablement une condition essentielle pour triompher du défi de la décarbonation sans sacrifier les emplois du secteur de l’acier en Europe.
- Au CE, quelques exemples de questions à poser
– L’entreprise a-t-elle une stratégie RSE? Si oui, existe-t-il un rapport RSE? Comment est-il distribué, communiqué?
– L’entreprise réalise-t-elle un Bilan Carbone® sur l’ensemble de ses activités (scope 1, scope 2 et scope 3), pas uniquement le volet énergétique?
- Au CPPT, une communication sur la politique d’environnement