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20 novembre 2024Fin août, la ville d’Herstal est ouverte en ses artères quand tombe la décision de stopper les travaux. Un choc pour les habitants qui, face aux chantiers, s’étaient habitués à prendre leur mal en patience. Le tram de Liège, une histoire à la belge…
Rappel des faits. En octobre 2011, les politiques s’accordent sur le tracé définitif du tram de Liège. Après de nombreuses péripéties administratives et de mises en œuvre du projet, les travaux débutent alors début 2020.
Rapidement, arrive sur la table la suite du projet, soit deux extensions permettant aux villes d’Herstal et de Seraing de rejoindre le tracé initial. En terme de mobilité et de développement économique, les enjeux sont grands : relier ces trois villes permettrait une fluidité accrue des citoyens vers les trois centres urbains ainsi qu’une meilleure mobilité des travailleurs sur cette zone. Concrètement, en terme de tracé, on passerait alors d’un tronçon d’environ 11 km à 17 km.
Des conséquences économiques et sociales
Ce changement drastique de position a évidemment un impact direct sur les entreprises concernées par ces travaux, à savoir la société de mise en œuvre ainsi que les sous-traitants. Certaines de ces sociétés ont refusé des chantiers pour se consacrer exclusivement à celui du tram afin de parvenir à respecter le délai de janvier 2025.
Du personnel a été engagé et des craintes sur la survie de ces entreprises, avec le risque de pertes d’emploi, se font sentir. Dans l’immédiat, ce sont 50 travailleurs qui devaient être engagés et qui ne le seront pas. Pour ceux qui sont déjà sous contrat, c’est l’inconnue.
De manière moins directe, il faut également compter les commerçants et les habitants qui étaient déjà bien impactés par les travaux en cours dans la région d’Herstal.
La mobilité et l’environnement pénalisés
Par la suite, l’impact se fera encore ressentir : l’extension du tram avait pour ambition de permettre à toute une série de travailleurs et/ou de chercheurs d’emplois de se connecter avec les entreprises des trois villes. Ce dynamisme annoncé sera finalement un flop.
Par ailleurs, cette décision du nouveau gouvernement wallon va isoler les habitants et les habitantes de la périphérie de Liège. Habitants qui ont pourtant enduré plusieurs années de mobilité chaotique dans la région avec l’espoir que le tram amènerait ce nouveau dynamisme.
D’après le nouveau gouvernement, les deux extensions initialement prévues seront assurées par des lignes de bus. Malheureusement, il est démontré que cette structure de transport attire moins d’usagers. Le tram amène un confort, une rapidité et une modernité qui attire un nouveau public. De plus, la multiplication des connections freine les usagers (bus – tram – bus). En terme de capacité, rappelons qu’une rame de tram équivaut à la capacité de 3 bus.
Et enfin, malheureusement, l’impact environnemental de ce choix n’est pas neutre. Herstal et Seraing allaient pouvoir améliorer leurs émissions carbones par l’installation d’un transport public plus vert. C’est finalement l’option bus, dont les tentatives de transformation vers l’électriques ont été vaines, qui sera retenue.
… sur l’autel budgétaire
Initialement, le coût des extensions était de 350 millions d’euros. Or, le coût de l’arrêt des travaux s’élève 85,1 millions d’euro, soit un quart du coût total. À cette somme, il faudra ajouter le coût réel de l’alternative mise en place : nouveaux bus, aménagements pour les bus, carburants,… D’après les experts, cette alternative est chiffrée à 286 millions pour, c’est à craindre, moins d’efficacité. (Source : La Meuse)
Dès lors, que penser de cette décision? Dans le cadre d’une réflexion de mobilité douce et responsable ainsi qu’une volonté de booster l’emploi dans une zone qui peine à se lever, pourquoi avoir fait ce retour en arrière ? Cette décision a-t-elle été mûrement réfléchie ? Est-ce que la détresse socioéconomique de la région liégeoise ne devrait pas faire l’objet d’une attention politique ? En arrêtant le projet d’extension, le gouvernement a décidé de ne pas permettre à la région Herstal – Liège – Seraing de se relever et de préparer son futur….
Légende photo : Symboliquement, les travailleurs de la CSC Bâtiment Industrie & Energie ont exprimé leurs craintes lors d’une action sur le chantier d’Herstal le 5 septembre.