Ensemble déconstruisons le racisme structurel
23 juin 2021Télétravail et syndicalisme
25 juin 2021Reportée d’un an à la suite de la crise sanitaire, l’enquête fédérale déplacements domicile-lieu de travail se déroulera entre le 30 juin 2021 et le 31 janvier 2022. Révélera-t-elle le début d’une inversion de tendance en matière de déplacements domicile-travail ? Ou au contraire montrera-t-elle que la crise Covid-19 n’aura eu que peu d’impact sur les habitudes des Belges?
Avant de comprendre les enjeux liés au nouveau diagnostic fédéral de mobilité de l’année 2021, il convient de faire une petite piqûre de rappel à propos de cette obligation pour les entreprises.
L’enquête fédérale des déplacements domicile-lieu de travail est organisée tous les trois ans par le SPF Mobilité et Transports. Elle s’adresse aux entreprises et aux services publics qui comptent plus de 100 travailleurs ETP. C’est donc 3951 employeurs, soit plus de 1,5 million de personnes, qui sont concernés par l’enquête portant sur la mobilité au travail.
Cette «photographie» de la mobilité se déroule durant 6 mois et se matérialise par un formulaire d’enquête en ligne à remplir par l’employeur. La consultation des travailleur.se.s est recommandée pour compléter le formulaire qui s’attarde sur les déplacements, les horaires, les moyens de transports, les distances parcourues, etc.
Les employeurs envoient l’enquête pour avis aux organes de concertation de l’entreprise au moins deux mois avant la date limite du 31 janvier 2022. Ensuite, après avis, le questionnaire est remis au SPF.
Le premier objectif de cette consultation est de mettre la mobilité à l’agenda de l’entreprise via ses organes de concertations que sont le CE et le CPPT. De cette manière, l’entreprise peut se pencher sur les déplacements qu’elle génère et être incitée à prendre des mesures en faveur d’une mobilité durable.
Le deuxième objectif est de fournir une base de données précieuses sur les déplacements domicile-travail en Belgique. Ces données sont exploitées par les pouvoirs publics, des bureaux d’études, les syndicats ou des entreprises afin de mieux cerner la mobilité de notre pays.
Rappel des faits
Le dernier diagnostic en date remonte à 2017 et présente des évolutions intéressantes quant à nos déplacements, d’un point de vue géographique et en ce qui concerne l’usage des différents moyens de transport.
L’enquête précédente marque en effet une forte disparité entre les régions du pays.
Le bon élève est la région bruxelloise où la part modale des transports collectifs, du vélo et de la marche cumule deux tiers des déplacements. Le train représente à lui seul 34% des déplacements et la STIB près de 20% ! Quant à la voiture, elle occupe 36 % des trajets domicile-travail.
La raison de ces chiffres impressionnants vient tout d’abord du maillage important des transports en commun et de leur accessibilité. Ensuite, la région bruxelloise mène une politique proactive en matière de mobilité. Les plans de déplacements d’entreprise (PDE) sont obligatoire à partir de 100 travailleurs ETP et ils favorisent des mesures très concrètes en mobilité durable. Enfin, le remboursement total des transports en commun bénéficie à 8 travailleurs.euses sur 10 à Bruxelles.
La situation de la Flandre est très différente de Bruxelles. La voiture y est dominante sur le territoire avec ses 67% de part modale. Ce qui étonne en revanche, c’est la place importante que prend le vélo: un.e Flamand.e sur 6 utilise son deux-roues pour ses déplacements domicile-travail. La Flandre montre l’exemple en terme de mobilité douce avec des infrastructures développées et accessibles pour les trajets du quotidien. Le Plat Pays met en avant ce moyen de transport en aménageant l’espace urbain pour que le vélo ait la même place que la voiture dans les centres-villes.
La Wallonie est la région où la voiture est encore reine avec 83% des trajets domicile-travail. Ce qui s’explique en partie par la disparité du territoire wallon où les pôles d’emplois se concentrent sur la dorsale wallonne et dans les zonings, bien souvent situés dans la campagne environnante d’une ville. L’offre de transports est également plus réduite que dans les autres régions, du moins en dehors des villes. La voiture reste donc le moyen le plus flexible et pratique.
Toutefois, ce tableau en demi-teinte ne doit pas occulter le fait qu’une progression se manifeste dans la mobilité durable en Wallonie. Le covoiturage et la marche sont dans les proportions les plus élevées du pays et le vélo se développe très rapidement dans les centres-villes.
Au-delà de ces constats territoriaux, les diagnostic fédéraux de mobilité dévoilent que les employeurs prennent de plus en plus des mesures en faveur de la mobilité durable, avec plus de la moitié qui remboursent intégralement les transports en commun. Le nombre d’indemnités vélo octroyées aux travailleurs explose : elles étaient accordées dans 80% des entreprises en 2017, contre 50% en 2005 et les parkings vélo suivent la tendance. Le télétravail gagnait également du terrain avant même la crise sanitaire.
Une nouvelle mobilité post-covid?
Ces résultats sont-ils les précurseurs d’une nouvelle mobilité post Covid-19? L’enjeu du diagnostic fédéral de mobilité de 2021 est de voir comment ces chiffres ont évolué dans nos entreprises en Belgique. Le télétravail a explosé, mais cela se traduira-t-il durablement dans nos habitudes de déplacements ? Les différents plans de relance en Belgique misent sur un investissement massif dans les transports en commun, mais la demande suivra-t-elle ?
Les enjeux sont différents pour chaque région afin de répondre à la transition de mobilité de la voiture individuelle aux modes de transports alternatifs.
A titre d’exemple, la Wallonie a pour ambition dans son Plan Air-Climat de réduire la part modale de la voiture à 63 % (une réduction de 20% par rapport à 2017) et de monter le taux d’occupation des voitures à 1,5 personnes (covoiturage) en 2030.
Pour mener à bien ses objectifs, il est indéniable que le monde du travail, en plus des pouvoirs publics, doit s’impliquer dans le basculement de la mobilité vers les transports collectifs et les modes doux. Le diagnostic fédéral de mobilité de 2021 sera donc le momentum pour poursuivre les efforts ou les initier en élaborant des plans de déplacements dans les entreprises qui bénéficieront aux travailleurs avec ou sans emploi. Car la mobilité est aussi un enjeu d’accès à l’emploi!