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26 novembre 2020Taxe carbone aux frontières: un outil nécessaire
9 décembre 2020Pendant 60 heures, 60 activistes se sont relayés pour manifester devant les gouvernements wallon, bruxellois, flamand et fédéral en cette fin novembre. Une action organisée juste deux ans après la marche pour le climat qui avait réuni 100.000 manifestants à Bruxelles. Retour sur les événements des derniers jours et… de ces deux dernières années par la cellule RISE de la FEC.
Les 10 et 11 décembre 2020, lors du Sommet européen, la Belgique s’engagera (enfin) en faveur d’une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre au niveau européen à l’horizon 2030. Une bonne nouvelle pour les militant.e.s du climat qui craignaient que la Belgique reste parmi les mauvais élèves de la classe, vu les négociations tendues entre les quatre niveaux de pouvoir en Belgique.
C’était d’ailleurs dans ce but que fin novembre, des militants de la Coalition Climat, Greenpeace, Oxfam-Solidarité, Youth for Climate et de différents syndicats s’étaient relayés durant 60 heures devant le siège des divers gouvernements. 60 heures, 60 activistes… et un objectif de 60% de CO2 en moins d’ici 2030 (par rapport à 1990) : tel était le slogan de cette action. Certes, 55%, c’est déjà une belle avancée, mais ce n’est pas encore suffisant. Comme la Coalition climat, le Parlement européen réclame 60% de réduction pour 2030 si on veut respecter le plafond de 1.5°C.
Reste que juste deux ans après la marche #ClaimTheClimate, où environ 100 000 personnes sont descendues dans les rues bruxelloises pour demander à nos dirigeants des ambitions fortes et justes en matière de climat, la Belgique s’est enfin mise du côté de l’avenir. Mais que s’est-il passé au plan international depuis le 2 décembre 2018? Coup d’oeil sur les étapes du dossier «climat» qui ont jalonné ces deux dernières années.
Décembre 2018
La COP 24 se tient à Katowice (Pologne). Il en ressort un accord sur un «paquet climat»:
• des règles d’application de l’Accord de Paris qui doivent figurer dans les plans climatiques nationaux sur la manière de faire des rapportages sur les politiques climatiques,
• le dialogue «alanoa»: dialogue de facilitation au niveau d’ambition global en lien avec le rapport du GIEC (réchauffement de plus de 1,5°C),
• les pays de l’UE se sont engagés à relever leurs ambitions climatiques d’ici 2020 et à renforcer leurs contributions déterminées au niveau national.
Cependant, un élément manque faute d’accord trouvé lors de la COP 24, celui sur l’avenir du marché du carbone.
Décembre 2019
Fin 2019 avait lieu la 25ème Conférence des Nations Unies sur le climat à Madrid (COP 25).
«Il est temps d’agir» proclamait le slogan. Et pourtant, cette conférence se termine sur un constat d’échec. Pourquoi? De nombreuses négociations portaient sur l’article 6 de l’Accord de Paris. Il s’agit d’une question technique mais importante, qui permettrait aux pays qui ont plus de difficultés à atteindre les objectifs d’acheter une partie des efforts d’un autre pays. Il est essentiel que si un pays réduit une tonne de CO² et la vend à un autre pays, il ne la comptabilise pas une deuxième fois pour atteindre ses propres objectifs. Or, c’est justement ce que certains pays ont demandé de pouvoir faire lors de cette conférence.
D’autres, en revanche, ont demandé de pouvoir échanger d’anciens droits d’émission afin de réduire leurs émissions de CO² sur papier sans avoir à fournir d’efforts à cet effet. Ces émissions n’ont pas été réduites par la politique climatique, mais, par exemple par des entreprises qui ont disparu, il y a des décennies. La décision sur ces marchés du carbone a été reportée.
Lors de cette conférence, la Commission Européenne a lancé son Pacte Vert pour l’Europe (European Green Deal). Nous y reviendrons plus bas.
Novembre 2020
La COP 26 était prévue à Glasgow en Ecosse. Son objet était de vérifier si tous les pays s’engagent vers une action climatique plus ambitieuse, qui permettrait d’atteindre les objectifs fixés dans l’Accord de Paris. La COP 26 a cependant été reportée à novembre 2021.
C’est la première fois depuis la première conférence internationale sur le climat, en 1995 à Berlin, qu’une année se passera de COP.
La COP 26 attendait des pays la remise de leur NDC (contribution déterminée au niveau national) c’est-à-dire leur engagement de réduction d’émissions de GES dont l’ambition doit être revue à la hausse.
L’Accord de Paris débutera sans que les règles d’application soient finalisées. C’était à la COP 26, qu’elles devaient l’être, dont notamment les règles sur les mécanismes de marché.
L’urgence d’agir d’ici 2030
Le rapport spécial du GIEC de 2018 sur le réchauffement à plus de 1,5°C a souligné la nécessité de réduire à 45% entre 2010 et 2030 les émissions mondiales de CO² pour parvenir à limiter le réchauffement à 1,5°C. Autrement dit, il ne reste plus que 10 ans pour parvenir à ces réductions!
Le contexte actuel marqué par la crise sanitaire, avec des réductions temporaires mais massives des émissions de GES, le bouleversement des secteurs économiques entiers et en même temps la mise en place de plans de relance, nous fait entrevoir un espace temporel opportun pour rediriger des investissements privés et publics vers une économie bas carbone et relancer une économie plus résiliente envers le réchauffement climatique, notamment en réduisant l’apport de l’énergie fossile dans la production de biens et de services.
Au niveau européen
Le Pacte Vert de l’Europe est un plan ambitieux puisqu’il vise à faire de l’Europe le premier continent neutre sur le plan climatique avec des émissions nettes de GES nulles d’ici 2050.
Afin de réaliser les ambitions de ce Pacte Vert, plusieurs étapes doivent être franchies :
• l’élaboration d’une loi sur le climat qui établit légalement que l’Europe sera neutre sur le plan climatique d’ici 2050;
• le relèvement de l’ambition climatique pour 2030 afin de réduire davantage les émissions de GES (de 50 à 55% par rapport à 1990);
• la révision de toutes les directives pertinentes en matière de climat (échange de droits d’émission/ETS, énergies renouvelables,…);
• une proposition de révision de la directive sur la taxation de l’ énergie;
• l’élaboration du nouveau plan d’action pour l’économie circulaire;
• l’introduction d’une tarification efficace du carbone.
Le financement de ce Pacte Vert
Le plan d’investissement pour une Europe durable mobilisera au moins 1000 milliards d’euros d’investissements durables au cours de la prochaine décennie grâce au budget de l’UE.
La réalisation des objectifs actuels en matière de climat et énergie à l’horizon 2030 nécessite 260 milliards d’euros d’investissements supplémentaires par an. Ce montant comprend principalement les investissements liés à l’énergie, aux bâtiments et à une partie du secteur des transports (véhicules).
Les besoins d’investissements moyens par secteur les plus élevés sont ceux de la rénovation des bâtiments. D’autres importants investissements seront également nécessaires dans d’autres secteurs, notamment dans l’agriculture pour relever les défis environnementaux plus large, tels que l’érosion, la biodiversité et la pollution, la protection du capital naturel et le soutien à l’économie circulaire, le soutien à la protection des eaux, de même que les investissements sociaux et dans le capital humain lié à la transition. Soit un total d’au moins 662 milliards d’€/an.
A noter, que la Commission Européenne elle-même, affirme que pour atteindre un objectif de baisse de 40% des émissions de CO², il manque quelque 600 milliards d’investissement/an. Alors combien manque- t-il maintenant que l’objectif a été revu à la hausse?
D’où la nécessité de trouver d’autres leviers. C’est l’appel lancé par «Climate@Jobs Pact» du 2 juin dernier dans 8 pays de l’Union par plus de 700 militants étudiants, climatologues, économistes, syndicalistes (dont la CSC), entrepreneurs et politiciens des 27 pays de l’UE.
Transition juste
Alors, à la veille du prochain Conseil Européen des 10 et 11 décembre, la Coalition climat – dont fait partie la CSC – a voulu attirer l’attention pour inciter nos représentants politiques aux différents niveaux de pouvoir à tenir leurs engagements. Avec un accent particulier sur une revendication qui est chère au représentants des travailleurs, à savoir la notion de transition juste, qui implique les moyens nécessaires pour adapter les conditions de travail des travailleurs.euses. dans les secteurs d’activité concernés.